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lundi 17 octobre 2011

Et maintenant, rassembler

Fort de sa large victoire à la primaire, François Hollande veut poursuivre sa stratégie mitterrandienne de rassemblement pour 2012.

Rassembler, encore et toujours. François Hollande a retenu comme personne les leçons politiques de François Mitterrand : pour sa primaire comme pour la présidentielle, le candidat élu du PS va s'atteler dès lundi à cette tâche de conjugaison des talents. Fort de ses 56,38%, le député de Corrèze va devoir rassembler d'abord les socialistes après un second tour âpre contre Martine Aubry, puis ensuite la gauche et les autres. "Ce résultat est la première étape d'un long cheminement" et "je n'ignore rien de la dureté des combats qui nous attendent", a déclaré François Hollande au siège du PS.

"C'est le rêve français que je veux réenchanter", a lancé le candidat, qui a insisté sur le nécessaire "rassemblement". Des siens d'abord. "J'ai besoin d'un Parti socialiste solidaire", a-t-il dit. Dans cette perspective, il a rendu hommage à la "dignité" de sa rivale, Martine Aubry, qui a d'emblée prévenu qu'elle reprenait son poste de première secrétaire du PS. Elle s'était mise en congé de cette fonction en déclarant sa candidature. François Hollande avait, dès vendredi, affirmé qu'il ne lui disputerait pas son poste.

Pour montrer qu'ils avaient retenu les leçons des divisions de 2006, les socialistes ont, dans une mise en scène très bien huilée, voulu afficher l'unité des six candidats dès dimanche soir. A l'américaine, François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal et les autres ont échangé des bises devant des dizaines de caméramans et photographes. Très amer après la défaite de sa candidate, Laurent Fabius, qui entretient des relations glaciales avec François Hollande, lui a quand même serré la main, du bout des doigts. Tout au long de la soirée, malgré leur déception, les soutiens de la maire de Lille n'ont pas eu de mots désagréables à l'encontre du vainqueur à qui ils ont immédiatement fait allégeance. Toutefois, la composition de la direction du PS peut-elle devenir un enjeu de conflit ? Dimanche soir, Julien Dray, proche de François Hollande, a demandé « un rééquilibrage de la direction » afin que le candidat et le parti socialiste ne soient pas en désaccord tout au long de la campagne. Un problème qui handicapa lourdement Ségolène Royal en 2007.

"Toujours dans une logique de rassemblement"

François Hollande a plaidé aussi pour un rassemblement au delà du PS, en s'adressant dès dimanche aux écologistes, au Front de gauche, mais aussi implicitement aux centristes n'appartenant pas à la majorité présidentielle. Durant toute sa campagne de la primaire, il s'était posé en permanence comme futur président en se projetant toujours dans l'étape suivante du 6 mai 2012. "Il a été considéré par les Français comme le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy" par "sa capacité à incarner l'alternance", explique à l'AFP le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) soulignant qu'"il s'est toujours situé dans une logique de rassemblement". François Hollande, en faisant preuve de sa capacité à rassembler de la droite à la gauche du Parti, a créé une dynamique autour de sa candidature, laissant Martine Aubry totalement isolée."C'est une dynamique qui vient de très loin", explique Frédéric Dabi à l'AFP.

Avant même d'annoncer sa candidature au lendemain des cantonales de mars 2010, l'ex-patron du PS se préparait depuis plusieurs mois. Ce départ précoce lui a permis de "modifier son image". "Quand il a quitté la direction du PS en novembre 2008, il apparaissait comme "un apparatchik incarnant la synthèse molle et l'inertie", il a réussi "à bâtir une espèce de story-telling". Il est aussi devenu "le candidat le plus crédible sur les questions financières et fiscales" ce qui lui a permis de "gommer son inexpérience gouvernementale", estime le politologue Remy Lefebvre. "Sa personnalité correspond à ce que les Français attendent aujourd'hui : de la force de la sérénité, de la conviction, du calme un peu tout le contraire de Nicolas Sarkozy. Les gens sentent qu'il a la volonté de faire avancer les choses sans raconter d'histoire", et "lui font confiance pour affronter la crise", affirme le député Michel Sapin, un de ses proches de longue date.

En campagne depuis près d'un an, François Hollande, qui mûrissait sa candidature depuis 2009, s'est officiellement déclaré le 31 mars 2010, avec l'ambition d'incarner "le rêve français". Dimanche, il a dit vouloir "réenchanter le rêve français". Petit à petit, il a réussi à se propulser en tête des enquêtes de popularité. "Ca rappelle la dynamique de Jacques Chirac en 1994, qui n'existait plus devant Edouard Balladur et qui a réussi finalement à l'emporter", affirme Frédéric Dabi.

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