Les Guignols de l'Info du 14/10/11 - à deux jours des Primaires
Les Guignols de l'Info du 14/10/11 - Duplex avec Martine Aubry
Les Guignols de l'Info du 14/10/11 - à deux jours des Primaires
Les Guignols de l'Info du 14/10/11 - Duplex avec Martine Aubry
Arnaud Montebourg s'est peut-être empêtré dans les méandres de la langue française. A-t-il emprunté à tort "impétrants" au vocabulaire juridique pour qualifier de simples candidats Martine Aubry et François Hollande, les deux finalistes de la primaire socialiste ? "Je pense qu'il a voulu trouver un mot que les gens ne connaissaient pas et qui faisait savant... Il a voulu utiliser un mot pour son effet, mais sans le maîtriser complètement", estime le linguiste Alain Rey, un peu "étonné parce que, d'habitude, c'est l'un des candidats dont les discours sont les mieux formulés".
Car si Montebourg utilisait "impétrants" comme synonyme de candidats, il a fait un contresens à 180 degrés puisque le mot signifie justement l'inverse: l'impétrant, selon le Petit Larousse, c'est "la personne qui obtient de l'autorité compétente quelque chose qu'elle a sollicité", comme un diplôme, une charge ou un titre. Autant dire que l'impétrant, ce sera le candidat socialiste qui aura obtenu l'investiture pour la présidentielle, après l'avoir sollicitée auprès de l'électorat socialiste. Arnaud Montebourg a raté son effet de manche, mais il a des excuses, d'abord parce que tout le monde commet la même erreur, et ensuite parce que même Alain Rey reconnaît que ce mot est "extrêmement bizarre".
"Bizarre", Montebourg a des excuses
Comme une grande partie des termes français, il a son origine dans le latin, explique-t-il. "Impetrare" veut dire arriver à ses fins, obtenir quelque chose, mais au fil des siècles, s'est instauré "un jeu pervers entre le fait d'obtenir et celui de solliciter". Car si le verbe veut dire "obtenir", celui qui a "obtenu" devrait logiquement être "l'impétré", d'après l'adjectif signifiant que l'action est réalisée, et non pas l'impétrant, tiré d'un participe présent qui implique généralement que l'action est en cours, en train de se faire mais n'est pas accomplie. "C'est étrange parce qu'impétrant est un participe présent qui devrait donc signifier celui qui sollicite. C'est bizarre, je n'ai pas d'explication", admet le linguiste. C'est en tout cas très probablement la raison du contresens généralisé.
Et si Martine Aubry et François Hollande étaient malgré tout des impétrants? Certes, ni l'un ni l'autre n'a encore gagné le second tour des primaires, mais ils sont en revanche tous deux les vainqueurs du premier tour. "C'est jouable comme interprétation", admet Alain Rey. Ils seraient "les deux impétrants d'un concours dont le premier et le second candidats sont admis et les autres éliminés. Il y aurait alors cette idée d'être investi, qui effectivement est plus compréhensible". L'idée, "un peu ironique", serait alors pour Montebourg "de les ramener à l'état de celui qui obtient un petit diplôme", interprète le linguiste. Auquel cas, "cela ne me paraît pas être du très bon usage", tranche-t-il.
Percée "exceptionnelle" de Montebourg dans le baromètre CSA-Les Echos
La cote de toutes les personnalités de gauche a progressé dans le baromètre CSA-Les Echos publié jeudi, avec une percée du troisième homme de la primaire du PS Arnaud Montebourg de 21 points, qualifiée d'"exceptionnelle" par l'institut de sondages. Au classement des personnalités politiques, François Hollande demeure en tête (56% en ont une image positive, 2 points de plus qu'en septembre), devant Alain Juppé (49%, +3) et Martine Aubry (49%, +5). Arrivé 3e au premier tour de la primaire du PS, Arnaud Montebourg fait un bond à la 4e place (45%). Outre la percée significative de Montebourg, le directeur des études du CSA Jérôme Sainte-Marie souligne "la bonne tenue de Martine Aubry, qui progresse nettement". A gauche toujours, Manuel Valls gagne 9 points (au détriment des sans opinion) à 38% de bonnes opinions et Jean-Luc Mélenchon 5 points à 27%.
Hors de la tribune, les candidats continuaient jeudi soir d'émailler leurs interventions de petites phrases assassines. Au Grand Journal de Canal+, François Hollande a déploré "l'oral de rattrapage" de Martine Aubry au lendemain de leur débat télévisé, estimant que la maire de Lille avait été "au-delà de ce qu'il fallait faire" en choisissant des mots qui pourront être "utilisés par d'autres". Dans la matinée, la maire de Lille avait dit sur RTL avoir trouvé "des points de flou" dans le discours de son adversaire. Loin de baisser les armes, Martine Aubry a qualifié dans un entretien à paraître vendredi dans 20 Minutes son concurrent de "candidat du système" et des sondages, "plus facile à battre pour Sarkozy". François Hollande a répondu qu'il "n'était fabriqué par personne d'autres que les électeurs".
Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne de François Hollande, a mis en garde Martine Aubry, en lui lançant: "attention à ne pas se tromper d'adversaire", en estimant que "sa rhétorique évoquait d'autres familles politiques". Plus net, le chef de file des sénateur PS, François Rebsamen, a accusé la maire de Lille d'utiliser "une rhétorique semblable à celle de l'extrême droite". "Cela est inacceptable, cela doit cesser", a-t-il ajouté.
L'avocat français de Nafissatou Diallo, Me Thibault de Montbrial, a jugé vendredi sur Europe 1 "désastreuse" pour DSK la décision du parquet de Paris de classer sans suite la plainte de Tristane Banon, tout en indiquant que des faits pouvant être qualifiés d'agression sexuelle avaient été "reconnus" mais étaient prescrits.
"C'est la première fois qu'un magistrat évoque à son propos le terme d'agression sexuelle. Aujourd'hui, il n'y a pas que l'avocat de Mme Banon ou l'avocat de Nafissatou Diallo qui parle d'agresseur sexuel en parlant de Dominique Strauss-Kahn. Il y a aussi le procureur de Paris, ce qui n'est pas rien", a relevé l'avocat. "Deuxième enseignement, M. Strauss-Kahn est pris en flagrant délit de mensonge. J'ai réécouté ce qu'il avait dit sur TF1 il y a quelques semaines. Il avait dit, je cite: Il n'y a eu aucun acte d'agression à propos de Tristane Banon. Il a parlé de faits imaginaires. Donc M. Strauss-Kahn a menti"
"Le mettre en face de son mensonge"
L'avocat assure que cette décision sera mise à profit de la plaignante dans la procédure civile intentée à New York par la femme de chambre du Sofitel. Pour Me de Montbrial, "quand les avocats de Mme Diallo aux Etats-Unis, dans le cadre de la procédure américaine, intervieweront Dominique Strauss-Kahn, sous serment, dans le cadre de l'enquête au civil, ils ne manqueront pas de le mettre en face de son mensonge dans l'affaire de Mme Banon". Mentir sous serment est un délit passible de prison aux Etats-Unis.
Les avocats de DSK ont réfuté jeudi avec force qu'il ait "reconnu" lors de l'enquête une agression lors d'une rencontre avec Mme Banon dans un appartement parisien en 2003, indiquant qu'il avait juste tenté d'embrasser Tristane Banon, s'était vu essuyer un refus et avait alors renoncé sans insister. La justice américaine a renoncé à engager des poursuites pénales contre DSK, estimant que Mme Diallo n'était pas suffisamment crédible pour être suivie par un jury dans un procès. La femme de chambre du Sofitel, qui accuse DSK de l'avoir violée en mai, a engagé des poursuites civiles pour obtenir des réparations financières.