Au lendemain de leur débat télévisé, les deux derniers candidats à la primaire PS ont tenu jeudi soir leur ultime meeting de campagne. Depuis la salle des Sports de sa ville, la maire de Lille a affirmé qu'elle voulait "une gauche forte qui s'attaque au système" face à une "droite dure". Offensif, le député de Corrèze a de nouveau exprimé son refus de céder aux attaques, en donnant rendez-vous, devant 1.500 personnes réunies au Bataclan, dans l'Est parisien, "pour la victoire". Mais tout deux ont, plus ou moins ouvertement, continué de durcir le ton à l'égard de leur concurrent.
Le verbe combatif, la voix éraillée, très mobile à la tribune, le député de Corrèze a d'emblée semblé vouloir répondre aux accusations égrénés par le camp de l'autre finaliste Martine Aubry, qui voit en lui un tenant de la "gauche molle". "Rien ne m'a été donné", a lancé le député de Corrèze. "Ce que j'ai gagné, je l'ai toujours pris à la droite". "Celui qui saura réunir, rassembler, réconcilier sera le vainqueur de l'élection présidentielle", a-t-il lancé. "Celui ou celle qui gagnera, c'est celui qui est capable de donner au pays une confiance, celle qu'il a perdue", a-t-il ajouté sous les applaudissements et autres "François président" criés par une salle enthousiaste. Pour cette dernière réunion publique avant "le choix décisif" du 16 octobre, il était entouré sur scène par le président du Parti radical de gauche Jean-Michel Baylet, le député de l'Essonne Manuel Valls et Dominique Bertinotti, directrice de campagne de Ségolène Royal, qui lui ont apporté leur soutien après le premier tour de dimanche dernier.
"Arnaud, avec nous !"
Dans son discours d'une heure, il a remercié Ségolène Royal, son ancienne compagne et ex-candidate du PS à la présidentielle. Presqu'au même moment sur France 2, celle-ci assurait qu'elle ne reniait pas sa vie avec le candidat, avec qui elle a eu quatre enfants. François Hollande s'est aussi adressé au "troisième homme" de la primaire, Arnaud Montebourg, qui n'a pas encore donné de consigne après avoir récolté 17,2% des voix le 9 octobre. "Arnaud, je ne voudrais pas peser sur sa décision mais en même temps j'entends aussi ce que les électeurs ont voulu dire", a-t-il dit, déclenchant dans la salle des "Arnaud, avec nous !" S'adressant au chantre de la "démondialisation", François Hollande a rappelé son souhait de lutter contre les paradis fiscaux et d'organiser un contrôle partiel des banques où l'Etat est entré dans le capital.
"Même si ça ne plaît pas à certains (...), face à une droite dure, je veux une gauche forte qui s'attaque au système" et ne se contente "pas seulement de le replâtrer, une gauche qui défende les services publics, une gauche qui redresse l'économie en s'appuyant sur le travail", a lancé le maire de Lille devant quelque 3.000 personnes au Palais des sports de la capitale nordiste. "J'ai entendu ceux qui ont voté et, avec moi, ils ne seront pas déçus!",a assuré la candidate. "Je ne me contenterai pas d'être une bonne gestionnaire" comme ceux qui ont "accepté la règle d'or", a-t-elle lancé, dans une nouvelle pique à son rival. "Il ne s'agit pas de donner des chiffres pour paraître sérieux" mais de "s'attaquer réellement au changement" avec "l'emploi, l'emploi, l'emploi" en priorité "matin, midi et soir", a-t-elle également assuré.
Pour elle, "la gauche forte" c'est celle qui "veut remettre les banques au pas", a-t-elle aussi dit et voulant créer "une tranche à 50%" de l'impôt sur le revenu même "si ça ne plaît pas à tout le monde". "Je reprends aussi une idée de Ségolène Royal : il faudra un rayon de prix citoyens dans les grandes surfaces", a assuré Mme Aubry, en direction de l'ex-candidate à l'Elysée.
"Candidat du système"
Hors de la tribune, les candidats continuaient jeudi soir d'émailler leurs interventions de petites phrases assassines. Au Grand Journal de Canal+, François Hollande a déploré "l'oral de rattrapage" de Martine Aubry au lendemain de leur débat télévisé, estimant que la maire de Lille avait été "au-delà de ce qu'il fallait faire" en choisissant des mots qui pourront être "utilisés par d'autres". Dans la matinée, la maire de Lille avait dit sur RTL avoir trouvé "des points de flou" dans le discours de son adversaire. Loin de baisser les armes, Martine Aubry a qualifié dans un entretien à paraître vendredi dans 20 Minutes son concurrent de "candidat du système" et des sondages, "plus facile à battre pour Sarkozy". François Hollande a répondu qu'il "n'était fabriqué par personne d'autres que les électeurs".
Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne de François Hollande, a mis en garde Martine Aubry, en lui lançant: "attention à ne pas se tromper d'adversaire", en estimant que "sa rhétorique évoquait d'autres familles politiques". Plus net, le chef de file des sénateur PS, François Rebsamen, a accusé la maire de Lille d'utiliser "une rhétorique semblable à celle de l'extrême droite". "Cela est inacceptable, cela doit cesser", a-t-il ajouté.
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