Les socialistes ont vigoureusement protesté mardi au sujet d'investigations qui auraient été menées sur la compagne de François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant affirmant mardi que l'enquête n'était pas "avérée".
Favori des sondages pour la primaire socialiste qui commence dimanche, François Hollande a jugé que les faits, s'ils étaient avérés, constitueraient une "intrusion inacceptable".
Selon L'Express, à paraître mercredi, "des sources policières concordantes, à plusieurs niveaux hiérarchiques" affirment que "des policiers de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (ndlr: DRPP, ex-Renseignements généraux) ont reçu l'ordre d'enquêter" début 2011 sur Mme Trierweiler.
L'hebdomadaire ajoute qu'il "s'agissait d'établir une notice biographique fouillée" sur la journaliste politique, "y compris sur son réseau relationnel".
Pressé par Harlem Désir (PS), premier secrétaire du PS par intérim, de s'expliquer "solennellement", le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a affirmé que cette enquête n'était "pas avérée", qu'il n'en existait pas de "preuve". Cependant, il a ajouté que si tel était le cas, il en serait "indigné".
En milieu de journée, la préfecture de police (PP) de Paris avait opposé un ferme démenti.
"C'est une intrusion, une pression qui est tout à fait inacceptable", a réagi François Hollande au cours d'un déplacement à Chambéry, en Savoie.
"Si une enquête a eu lieu, c'est extrêmement grave. Depuis la dissolution des Renseignements généraux, il n'y a plus de fiche individuelle théoriquement. Donc il s'agirait d'un premier manquement", a-t-il précisé à l'AFP. En outre, Valérie Trierweiler est "une journaliste", d'où un "double manquement", selon lui.
Pour l'élu corrézien, si cette enquête a eu lieu, il faudra aussi se poser la question "du commanditaire".
S'agit-il d'une manipulation? "Si c'était confirmé, ça en dit long sur la manière dont la droite envisage de mener" la campagne présidentielle, a ajouté François Hollande.
"On connaît les méthodes de la droite, il faut s'attendre à une campagne extrêmement dure", a déclaré pour sa part Ségolène Royal, l'une de ses rivales à la primaire socialiste et son ex-compagne. "Méfions-nous des manipulations", a-t-elle ajouté de façon énigmatique.
De son côté, Valérie Trierweiler s'est déclarée auprès de l'AFP "abasourdie", puis, par la voix de son avocate, "très choquée d'apprendre qu'une enquête ait pu être ordonnée et effectuée, aux fins de fouiller sa vie privée". Pour elle, "le démenti opposé par la PP de Paris ne suffit pas à dissiper son trouble". Elle n'excluait "aucune voie, y compris judiciaire, pour que cette affaire soit élucidée".
Dans le camp socialiste, les réactions étaient nombreuses. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, s'est dit "indigné", s'il devait apparaître que l'information était "exacte". Pour Jean-Marie Le Guen, soutien de François Hollande, "cela traduit ce que nous redoutions, c'est-à-dire une dérive du système actuel" et "le spectacle désolant d'une République abîmée".
Pour François Rebsamen, chef de file des sénateurs PS et soutien du député de Corrèze, "il s'agirait d'une violation sans précédent de la vie privée".
"Qui a demandé cette enquête?", s'est demandé Manuel Valls, candidat à la primaire.
A l'UMP, Christian Jacob, chef de file des députés UMP, a appelé à être "très prudent". Eric Raoult a regretté qu'"on (soit) en train de dénaturer la démocratie".
Pour Claude Goasguen, "le PS est en campagne électorale, tout est bon pour gagner la primaire. On peut inventer n'importe quoi pour faire voter". Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a jugé que "l'opposition ne (savait) qu'avancer de pseudo-dossiers".
©AFP
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