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dimanche 9 octobre 2011

"En 2012, Jean Sarkozy se présente contre Nicolas"

Ça y est: ma décision est prise, je vais demander l’asile politique. Pour être clair, je souhaite m’installer dans un pays où l’on ne parle pas, jour et nuit, de Jean Sarkozy.

Difficile à trouver? Il me faudrait une autre planète. Que l’on en juge : pas un JT en France et dans le monde sans lui. Je deviens fou. Je suffoque. Me voilà "anti-jeune" primaire (et secondaire) acariâtre, jaloux et vaguement coupable : et moi, qu’ai-je fait pour mes enfants? Suis-je un "vrai" père, moi qui ne suis même pas président de la République ! Serge Moati : un citoyen, un père dans la détresse. Et un téléspectateur accablé, harcelé qui voit des "Jean S." partout. Alors, je ronchonne, médite et rêve d’un scénario génial : en 2012, Jean se présente contre Nicolas! L’unique challenger du père l’affronte dans un combat sans merci. Freud se régale. Nous aussi. Le suspense est implacable et le casting, d’enfer. "Vous avez aimé Nicolas, vous adorerez Jean!" La campagne me fait déjà fantasmer. Une lutte archaïque et sauvage, avec à la clé, un happy end : la présidence reste dans la famille!

J’en étais là de mes songeries, lorsque j’ai eu, fort heureusement pour ma santé mentale, un moment de pur bonheur télévisuel. Sans Jean S. ni son papa. Ouf ! Il s’agissait d’Un village français, sur France 3. Un joyau d’émotion et d’intelligence doublé d’une grande leçon d’histoire. On se souvient d’Apocalypse, la superbe série documentaire : pas de Jean S.! Maupassant? Pas de Jean S.! Par contre, puis-je confesser que j’ai cru entrevoir le fils du Lider Maximo dans Tournez manège!, Taratata, et bien sûr, Questions pour un champion? Mais non, je blague. Je suis atteint de "sarkoze" obsessionnelle chronique sous sa forme juvénile!

Pour en revenir au Village français, le petit Jean n’était, fort heureusement, pas né. Ni son papa. Le mien, oui. Il allait bientôt porter l’étoile jaune et passer, arrêté par des Français, un long séjour en camp de concentration du côté de Berlin. On l’aura compris, le village télévisé était français mais à l’heure tristement allemande.

L’Occupation, comme si vous y étiez. Avec l’immense peuple des Français de l’ombre incarné par des comédiens superbes. L’action se passe à Villeneuve. Sous-préfecture du Jura. Tout près de cette terrible ligne de démarcation qui éventra notre pays. Amours et chagrins, lâchetés et héroïsmes, traîtres et patriotes, collabos et résistants. Une fresque de poche. Une Apocalypse intime. Une vérité absolue des sentiments. Au feu les clichés : les temps furent gris pour ces Français vaincus ici dépeints de manière juste et humaine. Et pas de place ici pour la vulgarité et le manichéisme.

Cette série, vous fûtes près de cinq millions à la célébrer la saison dernière. J’espère que vous ferez le même accueil à ce nouveau voyage du côté de cette France violée, si finement dévoilée. Et puis, soyons clairs, pendant ce temps, vous n’entendrez pas parler de Jean S. Pas plus que vous ne le verrez: c’est si rare! Les guerres filmées ont parfois des effets secondaires et bénéfiques. Profitez-en.

Serge Moati - Le Journal du Dimanche

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