Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche en 2012, a expliqué mardi, jour de l'inauguration de son QG de campagne en banlieue de Paris, sa stratégie pour 2012 : "secouer" François Hollande pour "l'obliger à bouger" sur sa ligne, sans exclure un accord avec le PS. Dans un long entretien à Mediapart, l'eurodéputé se réjouit de la candidature de M. Hollande, ce "grand bol d'eau tiède", car "le débat sur la grande question de l'orientation à gauche, entre une ligne démocrate et une ligne de combat incarnée par le Front de gauche, va pouvoir avoir lieu". Pour M. Mélenchon, qui veut "empêcher le désastre" d'une alliance des socialistes avec François Bayrou (MoDem), la stratégie de "conquête du pouvoir" est désormais claire.
"Petit à petit, je vais tellement secouer Hollande qu'il va être obligé de bouger. Je vais essayer de l'arracher à ses atavismes. Et plus il lâchera, plus il me renforcera", explique l'ex-sénateur PS qui avait été écrasé par le premier secrétaire et ses 91,2% des voix au congrès de Brest en 1997. "Ensuite, on arrivera à l'épisode numéro trois : fait-on quelque chose ensemble?", poursuit-il, rappelant qu'au moment du Front populaire, "il y avait un accord électoral qui prévoyait un gouvernement des radicaux, les socialistes apportant l'appoint. Finalement, ce fut l'inverse!".
"Hors de question de gouverner pour gouverner"
Un peu plus tard, inaugurant aux Lilas (Seine-Saint-Denis) son QG de campagne, une ancienne usine de chaussures, il a assuré que la perspective d'un avec le PS accord n'était pas "à l'ordre du jour". "Il n'y a aucun accord engagé, notre préalable est le débat public", a-t-il insisté. Il est "hors de question de gouverner pour gouverner" avec le PS, a assuré à l'AFP Eric Coquerel (PG), l'ambition est de "gouverner sur le programme" du FG après avoir "renversé le rapport de forces". Car chez Mélenchon, en hausse dans les derniers sondages (7-9%), on pense "plus que jamais" possible d'arriver devant le PS à la présidentielle. Aidé par le retrait d'Olivier Besancenot (NPA), le candidat de la gauche radicale compte aussi sur les électeurs d'Arnaud Montebourg (PS) et une partie de ceux de Martine Aubry. Si j'arrive à prouver que le vote utile est celui qui assume la confrontation avec le système financier, qui veut transformer les institutions et organiser le partage des richesses, j'ai gagné. Sinon, Hollande l'emportera", veut croire M. Mélenchon, prévoyant un "jeu très ouvert" dans cette élection "extrêmement volatile".
D'autant qu'avec seulement trois autres candidats à gauche jusqu'ici, Eva Joly (EELV), Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou (NPA), "l'argument de la dispersion ne fonctionne pas cette fois", argue-t-il, allusion au 21 avril 2002. L'eurodéputé qui négocie une circonscription pour entrer à l'Assemblée, se voit en tout cas au carrefour de la gauche, comme sur le nucléaire. "Jusque-là, nous étions perçus, avec notre projet de référendum, comme ceux qui ne parvenaient pas à trancher. Nous sommes désormais centraux entre les pète-sec (les écologistes), et M. Je ne fais rien (François Hollande)", affirme celui qui se définit comme un "homme entier, parfois excessif". Après une disette médiatique due à la primaire PS, Jean-Luc Mélenchon sera au 20h00 de TF1 jeudi. Novembre sera "le mois où on va faire jouer les muscles", a-t-il prévenu, prévoyant de lancer des "assemblées citoyennes" un peu partout en France. Avec en point d'orgue un nouveau meeting à Marseille le 1er décembre.
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