Il est fou d'équitation, le cheval lui a appris la discipline, la rigueur. C'est son refuge, son ancrage dans la vie, peut-être est-ce auprès de lui qu'il a affuté cette souplesse de caractère tant louée. Nicolas Canteloup l'humoriste-cavalier est devenu en quelques années un phénomène de société. Il cartonne depuis 2005 sur Europe 1, auprès de 1,4 million de fidèles, avec son hilarante Revue de Presque, prête sa voix aux Guignols de l'info sur Canal-Plus, et tient plusieurs fois par semaines, devant une salle comble deux heures de scène sans entracte. A tout cela il faut ajouter un autre challenge à l'automne 2011 : une émission quotidienne sur TF1 Après le 20 heures, c'est Canteloup où il est accompagné de Nikos Aliagas.
Avec une vitalité, une boulimie joyeuse, ce stakhanoviste multi-médias de l'humour attaque la rentrée sur les chapeaux de roue. "La radio, la TV et la scène en même temps, ça peut ressembler à une boulimie mais c'est surtout des opportunités liées à l'année présidentielle", explique à l'AFP son producteur Jean-Marc Dumontet. "Il faut savoir parfois mettre les bouchées doubles. Pour Nicolas c'est grisant et il aborde les choses avec une énorme envie", ajoute-t-il, estimant que l'atout de l'imitateur est de s'amuser "sans haines, ni aigreurs" des "turpitudes de notre société".
De l'humour, mais pas noir "Féroce, mais jamais méchant", "insolent sans vulgarité", "irrévérencieux mais sans cynisme", Nicolas Canteloup a une sacrée cote aujourd'hui. Son style impertinent mais jamais blessant fait l'unanimité. Ses textes sont ciselés, il traque le détail, l'observe à la loupe et appuie là où ça fait mal. L'actualité est son carburant. Cet homme a fait de l'imitation un art. Son talent vocal se double aussi d'une observation aigüe de la gestuelle des personnages. Il lui faut saisir la mimique, la faille, ou le trait marquant. Avec ses coauteurs Philippe Caverivière et Laurent Vassilian, Canteloup a toujours refusé la méchanceté gratuite. "Je veux être caustique mais je ne veux pas de malaise.
Pas question de faire rire 20% de gens pour en déranger 80%!", expliquait-il récemment lors d'un dialogue avec ses auditeurs. Depuis l'enfance, l'imitation est la seconde nature de Canteloup. Enfant du Sud-Ouest, il est né le 4 novembre 1963 à Bordeaux, a grandi à Mérignac, sa proche banlieue. Son père, est directeur d'agence PTT, sa mère élève ses trois garçons. Rugby, plage, il vit dehors avec les copains. Boute-en-train, à 11 ans il fait pour un radio-crochet l'imitation de "Coluche ou Dalida", il ne sait plus. Il est acclamé. Ce sera un événement fondateur. G.O. au Club Med A l'âge de 13 ans, pendant ses vacances chez son grand-père sur le bassin d'Arcachon, il découvre l'équitation.
La même année, il assiste avec ses parents à un spectacle de Bernard Haller. Fasciné, le petit Nicolas vient de trouver sa vocation. Désormais sa vie va se concentrer sur ses deux passions. Il devient cavalier de niveau galop 7, celui des moniteurs d'équitation. Mais pour ses parents, tout cela n'est pas très sérieux, et pour les rassurer, Canteloup passe une licence en droit. Une carrière de commissaire le tente bien mais un problème à l'oreille lui ferme les portes de la police. Il devient alors GO, au Club Med de Pompadour, moniteur d'équitation le jour et le soir, devant les clients, essaie ses imitations ; "une super école", reconnait-il. Mais l'envie d'aller plus loin le démange.
Repéré par un tourneur, il décide de venir à Paris en 1993. Suivra le parcours classique : chambre de bonne, galères... Il court les cachets dans les cabarets comme le Pénitencier puis le Dagobert. On l'écoute à peine, on le siffle, on l'insulte, mais lui se rode devant un public impitoyable. Un jour, le moment de grâce arrive enfin ; il tente le tout pour le tout, envoie une cassette aux Guignols de l'Info, avec pour se distinguer, des voix inédites de seconds rôles et des grands sportifs.
Canal-Plus l'embauche dans l'heure. Boulimique de travail Ses imitations irrésistibles de Fabien Barthez ou de Richard Virenque l'imposent. Les voix d'Aimé Jacquet, Didier Deschamps, n'ont plus de secret pour lui tellement il les a travaillées. Canteloup est un bûcheur. Il a du talent certes, mais opiniâtre, il bosse, s'acharne, répète jusqu'à trouver le timbre de voix, le ton juste, le tic récurrent ou discret. Bref, ce qui va faire rire, car l'imitation sera plus vraie que nature. Les politiques l'inspirent, il les épingle avec insolence et finesse : Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Ségolène Royal, Gérard Schivardi. Des débuts radiophoniques, sur Rires et chansons , puis en 2004, Michel Drucker lui propose une chronique régulière dans Vivement Dimanche.
L'année suivante c'est Europe 1 qui enrôle Canteloup pour une revue de presse matinale, où il s'essaye à un exercice périlleux : reconstituer l'interview de l'invité du jour, célèbre ou non, quelques minutes à peine après le départ de ce dernier. Rien n'échappe à ce pamphlétaire caméléon, qui pastiche avec une palette de 150 voix, l'actualité avec talent, croque politiques, sportifs et vedettes, les étrille sans aller trop loin dans la caricature. Un exercice de funambule pour ce cavalier hors pair. Pour reprendre le souffle, lorsqu'il rentre le soir à Maisons-Laffite retrouver sa femme et sa fille, il doit monter une heure et demie à cheval. La vie sans imitation.
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