Arrivé en tête de la primaire socialiste
pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012, François Hollande
a annoncé qu'il appellerait tous les candidats ce lundi et demandé le
"respect" à sa rivale du second tour Martine Aubry.
Il est en tête : il s'y attendait. Avec 8 points
d'avance : il espérait mieux. Ainsi placé dans la position (pas
forcément si confortable) de favori, François Hollande
se veut optimiste, modéré, respectueux ; louchant déjà vers la campagne
présidentielle, sans oublier pour autant qu'il y a d'abord un second
tour de primaire à remporter ; en gros, décidé à l'emporter sur sa
rivale la plus immédiate, Martine Aubry,
tout en refusant de s'aliéner de précieux soutiens pour la suite des
événements. Délicat exercice de strabisme politique : l'oeil fixé sur le
calendrier, ne perdre de vue ni le 16 octobre, ni le 22 avril.
Première phase de l'exercice dès lundi matin sur
RTL : il a annoncé qu'il appellerait le jour même tous les autres
candidats à la primaire, y compris Martine Aubry, avec laquelle un débat télévisé est programmé mercredi, et qui sera lundi soir sur le plateau du 20 heures de TF1. "Entre Martine Aubry
et moi-même, il doit y avoir un principe qui doit être celui de la
sincérité - que les arguments s'échangent, c'est normal, nous sommes
dans un second tour - mais en même temps celui du respect", a lancé François Hollande. Un argument qu'il devrait reprendre mardi soir lors du 20 heures de TF1, dont il sera l'invité au lendemain de Martine Aubry.
Il n'a en revanche pas souhaité répliquer aux piques lancées depuis la
fin de la semaine par la maire de Lille et ses partisans, qui le
montrent volontiers comme le représentant d'une gauche "molle", qui serait moins déterminée que Martine Aubry : "Je
ne dirai rien qui puisse altérer l'image de celui ou de celle qui
puisse être vainqueur de la primaire, je demande la même chose.
Je connais par coeur ce genre de procédés, je laisse cela aux congrès
socialistes".
Montebourg, l'homme le plus courtis
Reste que dans le camp Hollande comme dans le
camp Aubry, la chasse aux voix des autres candidats à la primaire est
déjà lancée. Manuel Valls a annoncé dès dimanche qu'il appelait ses électeurs à voter pour François Hollande. Ségolène Royal, ex-compagne et mère des quatre enfants de François Hollande, doit se prononcer en ce début de semaine. Arnaud Montebourg
s'exprimera sans doute ce lundi soir lors d'une intervention au journal
de France 2. Il a fait campagne à la gauche du parti sur le thème de
la "démondialisation" et de la lutte contre la corruption, avec succès, puisqu'il a dépassé les prévisions les plus optimistes. François Hollande a promis de tenir compte de ses thèmes. "Je
pense qu'un message a été prononcé (...) à travers Arnaud Montebourg,
une volonté de protection par rapport à la mondialisation et de
moralisation de la vie politique, je l'entends", a-t-il dit. "C'est
à moi de traduire concrètement ce que j'ai compris du scrutin. En
l'occurrence, les victimes de la mondialisation attendent de la gauche
qu'elle soit certes offensive pour que nous puissions redresser notre
économie (...) mais qu'en même temps nous puissions prendre des mesures
qui soient protectrices et solidaires", a-t-il ajouté.
Déjà à la manoeuvre, Pierre Moscovici et Michel Sapin, soutiens de François Hollande, et Elisabeth Guigou, proche de Martine Aubry,
ont multiplié dès lundi matin les appels du pied aux électeurs de
Montebourg, qui se présente comme l'arbitre du second tour de la
primaire avec ses 17% dimanche soir. "Il s'agit d'entendre ce qu'Arnaud Montebourg a vraiment porté : une exigence républicaine, de renouvellement en politique et une réorientation de la construction européenne", a déclaré le coordonnateur de la campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, évoquant aussi sur Canal+ "la lutte contre les délocalisations". Michel Sapin a salué pour sa part la campagne d'Arnaud Montebourg : "Comment fait-on pour avoir des politiques offensives dans ce domaine-là ?", s'est interrogé l'ancien ministre de l'Economie sur les "pertes d'emplois".
Quant à Elisabeth Guigou, également sur Canal+, elle a lancé : "Il
faut des mesures radicales vis à vis des banques, pour qu'elles
arrêtent de spéculer contre des produits qui provoquent des
catastrophes. Il faut lutter contre la corruption, les paradis fiscaux", reprenant des thèmes chers à Montebourg. "Je pense que Martine Aubry
a porté cette idée de changement profond pendant toute la campagne
quand elle a dit qu'il faut réindustrialiser la France, mettre le paquet
sur l'emploi, faire en sorte qu'on ait une Europe qui protège et qui
innove", a ajouté la députée de Seine-Saint-Denis.
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